Brice Feillu : objectif tour de France 2013 (2/2)

(c) Petit Brun

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Révélé au grand public en 2009 par une victoire de prestige sur une étape de montagne du Tour de France, Brice Feillu peine à confirmer depuis. En quatre ans, il a changé trois fois d’équipe et la victoire ne cesse de se dérober devant lui. Mais le grimpeur français garde la foi et monte en puissance à l’approche du Tour qui pourrait bien marquer son retour au premier plan.

Voir article >> Brice Feillu : objectif Tour de France 2013 (1/2)

« Ce jour là, à Arcalis, je savais que si j’arrivais à creuser le trou, ce serait bon. Ensuite, je n’ai plus eu qu’à gérer mon effort. Je ne suis pas un coureur hyper-tonique, mais j’ai une capacité à maintenir un effort haut pendant plusieurs kilomètres », analyse aujourd’hui Brice Feillu.

Mais n’a-t-il pas craint le retour de Christophe Kern ? « J’en avais encore sous le pied et j’aurais pu relancer l’allure si besoin. En fait, je me suis retourné plusieurs fois, mais je ne l’ai jamais aperçu. Et mon directeur sportif me l’a caché car il devait avoir peur que cela me scie les jambes. »

« Ça vaut le coup de bosser des mois pour ce bref passage de bonheur »

Avec le recul, Brice Feillu estime que ce succès n’est pas arrivé trop tôt dans sa carrière. Au contraire. « C’était fantastique. C’est la plus belle course du monde, et on se dit alors que ça vaut le coup de bosser pendant des mois pour ce bref passage de bonheur. Ça va vite, mais c’est quelque chose qui reste. Aujourd’hui, c’est vraiment ce qui me motive et m’aide à refaire les choses bien. »

Le lendemain, le Français est dépossédé de sa tunique à pois rouges par Christophe Kern mais le reste de sa Grande Boucle va confirmer sa belle performance. Brice Feillu se signale encore lors de la 13e étape, très casse-patte et rendu apocalyptique par le froid et la pluie.

Capture d'écran / (c) ASO

Capture d’écran / (c) ASO

Le Français, part en »chasse-patates » avec Amets Txurruka, dans la descente du col de Platzerwasel, derrière l’échappée du jour et signe une troisième place pleine de panache, résistant de peu au retour du groupe des favoris.

Du statut de leader…

Sur les Champs-Elysées, le bilan est inespéré : une victoire d’étape de prestige, une 24e place au général et la 6e au classement du meilleur jeune. Il enchaîne ensuite la classique tournée des critériums post-grande boucle et annonce qu’il rejoint pour deux ans l’équipe néerlandaise Vacansoleil avec son frère Romain.

Brice Feillu est désigné comme l’un des leaders de l’équipe et a l’assurance d’être protégé sur les courses par étapes et sur le Tour de France. Une belle opportunité pour un jeune coureur mais qui implique aussi d’avoir les épaules et les jambes solides pour supporter la pression.

Wikimédia

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Mais rien ne va se passer comme prévu. « C’était une bonne équipe, mais j’ai eu du mal à prendre mes marques et à m’adapter », se souvient-il aujourd’hui. Et ses performances ne sont ni à la hauteur de ses espérances, ni à celles de son équipe. « J’y suis allé en tant que leader, et c’est devenu moins agréable de courir à partir du moment où les résultats ne suivaient pas vraiment. »

…à celui de simple équipier

Pour couronner le tout, Vacansoleil n’est pas sélectionné par ASO pour participer au Tour de France 2010 et en Août, Brice Feillu résilie son contrat et rejoint Cancellara et les frères Schleck au sein de Leopard-Trek.

Sans Romain cette fois. Le coureur Français arrive avec un statut d’équipier, ce dont il n’arrivera pas à se défaire au cours de la saison 2011, se faisant encore discret au niveau des résultats. « Je me sentais bien dans cette équipe même si c’était différent de ce que j’avais connu les années précédentes, je travaillais pour d’autres coureurs. »

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Une année pourtant difficile pour lui. Blessé à plusieurs reprises, il n’est pas sélectionné pour le Tour de France. Aligné sur le Tour d’Italie, son équipe décide de se retirer suite au décès tragique de son coéquipier Wouter Weylandt lors dès le début de l’épreuve.

Quelques mois plus tard, Leopard-Trek fusionnant avec l’équipe Radio-Shack, les dirigeants sont contraints de dégraisser l’effectif et Brice Feillu est invité à se trouver un nouveau point de chute. « Ça se passait très bien, c’est dommage cette fusion.. », juge-t-il aujourd’hui.

Retour au pays

Stéphane Heulot, le directeur sportif de l’équipe Française Saur-Sojasun, le contacte. Le courant passe et voilà Brice Feillu de retour au pays après deux ans d’exil.

Deux années perdues ? « Non, je ne regrette rien. C’est vrai que si c‘était à refaire, je serais resté en France. Mais ça me fait quand même une bonne petite expérience. » Chez Sojasun, il a de nouveau les coudées franches sans le statut pesant de leader. « C’est sûr que j’ai plus chance de jouer ma carte personnelle ici. Et puis je m’y sens bien, il y a une super ambiance. »

Et en 2012, cela a failli lui sourire plusieurs fois. Sur l’étape-reine du Dauphiné Libéré, Brice Feillu attrape le bon coup qui part dès la première difficulté du jour, le col de Plainpalais.

Capture d'écran / (c) ASO

Capture d’écran / (c) ASO

Mais il y a beaucoup de coureurs et d’équipes représentées à l’avant et l’entente n’est pas idéale. Ils sont 19 dans le groupe dont les Français Blel Kadri, David Moncoutié, et le Colombien José Sarmiento qui se disputent le maillot du meilleur grimpeur porté par le sud-américain et et l’échappée n’arrive pas à creuser l’écart sur le peloton. Leur avance n’excédera jamais 3min45.

Brice Feillu dauphinée 2011

Le grimpeur français décide de leur fausser compagnie dans la côte de Châtillon-sur-Cluses à 44 km de l’arrivée et fait cavalier seul pendant près de 30 bornes. Un joli numéro mais il sera repris par les meilleurs à cinq kilomètres du sommet de Joux-Plane, la dernière ascension du jour.

Un Tour qui commence mal

Puis c’est le retour sur la Grande Boucle. Trois ans après. Enfin. Et ça commence très mal. Brice Feillu est malade et à la limite de l’abandon. Il est même mis en quarantaine par sa propre équipe mais il ne baisse pas les bras et s’accroche.

La montagne arrive et il n’est pas dans son assiette. Les Alpes sont un calvaire mais il commence à se refaire une petite santé. Il lui reste les Pyrénées mais ses forces sont comptées, il doit viser juste. Brice Feillu coche la 16e étape qui propose quatre cols : l’Aubisque, le Tourmalet, Aspin et Peyresourde pour finir avant la redescente vers Bagnères-de-Luchon.

Capture d'écran / (c) ASO

Capture d’écran / (c) ASO

Dans l’Ausbique, le grimpeur français est dans la bonne échappée, ils sont 38 devant. C’est beaucoup trop et le Tourmalet va écrémer le groupe et clarifier la situation. A mi-ascension, Dan Martin démarre, entraînant dans son sillage Thomas Voeckler et Brice Feillu. Un peu plus haut, Voeckler accélère encore, Martin craque mais Brice Feillu est toujours là.

Les larmes de Bagnère-De-Luchon

Le duo français s’envole et l’entente est cordiale. Chacun ses intérêts : Voeckler a déjà gagné son étape et court après le maillot à pois rouges que Brice Feillu ne lui dispute pas au sommet des cols, il n’a que la victoire d’étape à l’esprit. Derrière eux, le peloton est très loin mais un groupe de poursuivants – constitué notamment de Jens Voigt, Alexandre Vinokourov et Chris Anker Sorensen – est loin d’avoir abdiqué.

En haut d’Aspin, les Français possèdent un peu plus d’une minute d’avance sur eux. Mais dans Peyresourde, c’est dur pour Brice Feillu qui pioche. Thomas Voeckler se retourne plusieurs fois pour voir si leurs poursuivants ne les ont pas en ligne de mire. Ces derniers ne sont plus qu’à 50 secondes quand le coureur d’Europcar se dresse sur ses pédales et décroche irrémédiablement Brice Feillu à 7 kilomètres du sommet.

C’est fini pour lui, sa chance sur ce Tour 2012 est passée. Le moral cassé, le coureur de Sojasun perd pied dans les derniers hectomètres de l’ascension et finit seulement 5e de l’étape à près de 4 minutes de « Ti-Blanc ».

Après l’arrivée, il est inconsolable et s’effondre en larmes, conscient d’avoir raté une belle occasion de renouer avec la victoire.

« La confiance, je l’ai« 

La fin de sa saison 2012 est réussie avec une 6e place au classement général du Tour du Portugal après plusieurs places d’honneur sur les étapes de montagne. Mais toujours pas de succès et cette victoire qui le fuit, il ne l’explique pas. « Pourtant, la confiance, je l’ai, il me manque à chaque fois quelque chose, je ne suis pas en réussite. »

(c) Joménager

(c) Joménager

Mais la 100e édition du Tour de France approche et Brice Feillu, qui a montré qu’il montait en régime lors du Tour de Suisse, pourrait bien se rappeler au bon souvenir de tous. « C’est comme au saut en hauteur, j’ai mis la barre haut avec cette victoire sur le Tour en 2009. Mais si je l’ai fait une fois, je peux le refaire. En tout cas, je ne perds pas espoir », confie-t-il. Il y a quatre ans, déjà, en haut d’Arcalis, personne ne l’avait vu venir.

Voir article >> Brice Feillu : objectif Tour de France 2013 (1/2)

Nicolas Richaud.

Crédits photos : Joménager / Petit brun

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