Brice Feillu : objectif Tour de France 2013 (1/2)

© Bruno Bade / Sojasun

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Révélé au grand public en 2009 par une victoire de prestige sur une étape de montagne du Tour de France, Brice Feillu peine à confirmer depuis. En quatre ans, il a changé trois fois d’équipe et la victoire ne cesse de se dérober devant lui. Mais le grimpeur français garde la foi et monte en puissance à l’approche du Tour qui pourrait bien marquer son retour au premier plan.

« Je suis sûr d’une seule chose : ma prochaine victoire, ce sera forcément la plus belle de ma carrière », confie Brice Feillu à qui il tarde de « relever les bras. » A bientôt 28 ans, le grimpeur français court après la victoire depuis bientôt trois ans. Pour l’instant, son début de saison – sa deuxième au sein de l’équipe Sojasun – n’a guère de quoi satisfaire ce gabarit longiligne d’1m 88.

A son actif : une 13e place sur une étape du tour de Turquie et une 14e place au classement général. Pas de quoi affoler les compteurs. L’an dernier, le coureur originaire de Châteaudun avait fait quelques « placettes » durant les premiers mois de l’année avec une 3e place sur une étape du tour de Castille et León, ainsi qu’une 18e place au classement général du Tour de Catalogne.

« En début de saison, j’ai toujours du mal à « mettre en route » et cette année, le mauvais temps n’a rien arrangé« , explique Brice Feillu, « si je ne suis pas au moins à 90% de mes moyens, je suis incapable de faire un bon résultat face aux meilleurs coureurs, contrairement à un Cadel Evans par exemple. Mais je suis en train de monter en puissance. »

Le Tour de Suisse en apéro, le Tour du Portugal pour digestif

Comme chaque année Brice Feillu voit plus loin. « Il y a trois mois dans l’année où je ne suis pas trop mal : juin juillet et août », constate t-il avec une pensée particulière pour la Grande Boucle, même s’il n’oublie pas le Tour du Portugal, une autre épreuve qu’il affectionne.

Déçu de ne pas pouvoir prendre le départ du Dauphiné Libéré – les organisateurs ayant décidé d’inviter l’équipe française Bretagne Séché au détriment de Sojasun – Brice Feillu et son équipe se sont rabattus sur le Tour de Suisse.

© Bruno Bade / Sojasun

© Bruno Bade / Sojasun

Quelques jours avant le début de l’épreuve helvète, le coureur français avouait ne pas être contrarié outre-mesure. « Ne pas être au départ du Dauphiné, c’est très décevant pour notre sponsor car c’est une des grandes courses françaises. Mais quelque part, ce n’est pas plus mal, le Tour de Suisse est une grande épreuve avec 3-4 belles étapes de montagne. »

Au final le Français est passé à l’attaque sur la première étape de montagne, a signé une 22e place sur l’étape-reine ainsi qu’une 23e dans le contre-la-montre final en côte. Des performances solides sur cette épreuve qui reste pour lui « une course de préparation pour le Tour de France. » La Grande Boucle, on y revient. Mais rien d’illogique puisque c’est sur cette course que Brice Feillu a fait une entrée fracassante dans le monde du cyclisme.

« Avoir Cancellara à  côté de moi, ça ne me scie pas les pattes »

Au départ du Tour de France 2009, Brice Feillu n’a que 23 ans et n’est encore qu’un néo-pro au sein d’Agritubel. Lors de l’été 2008, l’équipe française l’a embauché comme stagiaire et l’essai a été concluant : Brice Feillu manque de peu de remporter la course à étapes Paris-Corrèze (2e d’une étape et du classement général), et se met en valeur sur le Tour du Portugal en attrapant les bonnes échappées.

En 2009, ses premiers mois dans le peloton professionnel sont plutôt discrets, en dépit de quelques places d’honneur lors du Grand Prix de La Marseillaise ou du Tour des Asturies, mais il figure dans la sélection d’Agritubel pour la Grande boucle aux côtés de Christophe Moreau, Nicolas Vogondy, mais aussi de son grand frère Romain Feillu, d’un an son aîné.

Lorsque la caravane du Tour débarque à Monaco le 4 juillet, quand le grand public et les médias entendent le nom « Feillu », ils pensent immédiatement à Romain, sprinter de son état, qui a déjà un joli palmarès, et a porté le maillot jaune durant une journée lors de l’année précédente.

© Bruno Bade / Sojasun

© Bruno Bade / Sojasun

Pourtant à l’écouter aujourd’hui, le Français n’avait aucune pression. « J’étais motivé, je me sentais bien et pas du tout intimidé, j’y suis allé vaille que vaille. J’ai toujours été comme ça. J’ai beau avoir Cancellara à côté de moi, ça ne me scie pas les pattes. »

Passage de règne

Au départ de la septième étape, le peloton est au pied de la montagne. Le menu est copieux : 224 km et 5 difficultés dont la dernière ascension d’Andorre-Arcalis culminant à 2240m et classée en « Hors-catégorie ». Une montée longue et régulière qui paraît ne jamais devoir en finir.

Capture d'écran / (c) ASO

Capture d’écran / (c) ASO

Ce jour-là, les candidats à l’échappée matinale sont légions. Depuis sa prise de pouvoir lors du prologue dans les rues de la principauté monégasque, Cancellara règne sans partage sur cette Grande Boucle. Mais le Suisse n’est pas capable de suivre les meilleurs dès lors que la route s’élève et s’apprête à passer la main.

Ses adversaires savent donc que les gregarios de la Saxo-Bank, qui turbine dur depuis une semaine déjà, ne vont pas se mettre en quatre pour ramener le peloton sur les échappées. Aux équipes des favoris du Tour de prendre leurs responsabilités.

Rapidement, ils sont neuf à fausser compagnie au Peloton. Parmi eux, on compte notamment Jérôme Pineau, Christophe Kern, Egoi Martinez, Christophe Riblon et Rinaldo Nocentini, équipiers au sein de l’équipe AG2R La mondiale, et Brice Feillu.

Plus de 14 minutes d’avance

Aucun ne représente une menace directe pour les favoris du Tour que sont Armstrong, Schleck, Contador et comme prévu, le peloton laisse filer. Leur avance culmine même à 14min 20s au km 65.

L’entente est bonne, même si AG2R La Mondiale se taille la part du Lion puisque Rinaldo Nocentini est maillot jaune virtuel tandis que son équiper Christophe Riblon, qui vise le maillot de meilleur grimpeur, fait la « chasse aux pois » et passe en tête de toutes les difficultés.

Wikimédia

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Au pied d’Arcalis, les neuf fuyards ont encore 7 minutes d’avance, et derrière personne ne déclenche les hostilités et n’ose contrarier le train des Astana qui sont à la planche pour favoriser les desseins d’Armstrong et Contador.

Pour cinq secondes à peine

Devant, on commence à penser à la victoire et le groupe se désorganise, quelques attaques fusent, certains décrochent, dont Jérôme Pineau, mais sous le panneau des 10 km, Brice Feillu est toujours là. Le jeune coureur Français ferme la marche du petit groupe avec Christophe Kern. Il fait « l’élastique », mais s’accroche. Riblon, Kern, Noncentini : tous tentent de s’isoler en tête mais aucune accélération n’est décisive.

Sur la moto suiveuse de France Télévision, Laurent Jalabert juge que Brice Feillu est dans le dur et qu’il va bientôt décrocher. Mauvais pronostic. A 5,8 km de l’arrivée, le natif de Châteaudun met une « mine », et prend très vite plusieurs dizaines de mètres d’avance.

Bien assis sur sa selle, Brice Feillu creuse l’écart avec ses anciens compagnons d’échappée. Peu avant la flamme rouge, il compte plus de 30 secondes d’avance sur eux. Mais derrière, Christophe Kern part en contre, et revient comme une fusée. On pense que le coureur de chez Cofidis va venir crucifier Brice Feillu sur la ligne mais ce dernier tient bon et s’impose, Kern venant « mourir » à cinq secondes de lui.  Inconnu au départ du Tour, Brice Feillu remporte la première étape de montagne et s’empare du maillot blanc à pois rouges de meilleur grimpeur. Le voilà propulsé sous les projecteurs…

Nicolas Richaud.

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